Pour aborder la critique d'un film

Publié le par je-rc

Aborder la critique d'un film avec sa classe
Aider à trouver une posture critique et à formuler sur un film un jugement personnel.
Prendre conscience de sa subjectivité de spectateur, de la nécessité d'apprendre à regarder, écouter et s'informer. Prendre à l'égard de l'oeuvre une distance critique consciente de ses goûts personnels.

Objectifs

Apprendre à s'informer, raconter, décrire et expliquer.
Appréhender le langage cinématographique et l'histoire du cinéma.
Savoir identifier les effets et leurs mises en oeuvre
Aborder les notions d'objectivité, d'intentionnalité et d'opinion.

1 - Préparer la sortie, la projection ou le simple visionnement du film au magnétoscope.
Définir des objectifs et situer le film dans un contexte, un genre, une problématique.
Préparer la réception du spectacle en donnant des consignes de regard et d'écoute.
Eviter de raconter à l'avance le film, de donner la clé de l'énigme, d'anticiper sur l'élucidation ou de porter déjà des jugements de valeur.
S'il s'agit d'un film ancien, rappeler brièvement le contexte du film et faire découvrir aux élèves dans quelles conditions les spectateurs l'ont découvert à sa sortie.
S'il s'agit d'un film au programme et tout spécialement d'une avant-première, attirer l'attention des élèves sur la campagne de presse qui a préparé  l'exploitation du film.
Amener les élèves à réfléchir sur les conditions du spectacle cinématographique : projection en salle obscure, en continuité, circulation du son dans la salle. Par nature, le spectacle cinématographique fait appel à la vigilance et à la mémoire tant visuelle qu'auditive.

2 - Après le spectacle, travailler sur la mémoire du film et la prise de conscience de la subjectivité de la réception.
Laisser librement s'exprimer les premières émotions et réactions. Solliciter les témoignages sur les moments de participation, d'émotion, de peur ou de rire.
Amener à prendre conscience que c'est aussi de soi que l'on parle.
Reconstituer l'histoire et l'ordre des séquences. Cette activité conduira à s'interroger sur l'organisation du récit et son intention.
Confronter les souvenirs. parfois criants de disparité. Mettre en évidence ces divergences : chacun son livre, chacun son film. S'interroger sur la portée de cette découverte : savoir faire la différence entre parler de l'oeuvre et parler de soi.
Mettre les souvenirs en réseau et relier le film à d'autres films ou d'autres livres, spectacles, pièces de théâtre. Cette activité permettra par exemple d'engager une réflexion sur les genres et les intertextes. L'oeuvre n'apparaît pas par génération spontanée.

3 - Dans un second temps, avec les plus avancés, appronfondir la réflexion.
Mettre en évidence la nécessité de recourir à des outils d'analyse à une recherche historique sur le film : ainsi pourront être mieux cernées les notions de production, de réalisation et d'écriture.
Refaire à rebours le chemin de l'effet de sens ou d'émotion aux mises en oeuvre qui l'ont produit. Le choix d'une musique, l'efficacité d'un cadrage ou d'un raccord de plan, la qualité d'un éclairage, la durée d'un plan, un mouvement de caméra : toujours revenir aux images.
Les procédés d'écriture ainsi mis en évidence dans une scène se retrouventils ailleurs dans le film ? Retrouve-t-on des constantes qui permettraient d'identifier quelques éléments de la méthode du cinéaste ? On s'intéresse ici au traitement du film et à ce qu'Eisenstein appelait "l'unité organique".
Procéder par comparaison avec d'autres films du même cinéaste, du même genre, de la même période. Qu'apporte le film de nouveau, de personnel, d'unique ?
Ces découvertes permettent-elles de cerner l'intention du cinéaste, le regard qu'il porte sur le monde, sur son art ? Permettent-elles d'entrevoir son projet ? En quoi paraît-il abouti ?

4 - Activités de production à conduire en atelier d'écriture.
Prendre conscience de la démarche : l'article n'est pas une fiche cinématographique, encore moins une forme quelconque de devoir ou de communication qui soumettrait un travaill à un groupe d'experts. Bien au contraire il s'adresse à un public qui considère l'auteur de l'article comme un
spécialiste.Comme dans un article de vulgarisation, écrire pour informer et expliquer.
Tenir compte de la nature du film : il s'agit de parler d'un spectacle. Aider le lecteur à se le représenter. Evoquer des scènes, le traitement du film, raconter et décrire.

Eviter les amalgames et les confusions. Amalgames entre personnage et acteur mais aussi confusions entre ce que disent les personnages et ce que dit le cinéaste. Le critique ne doit pas parler de lui mais du film. Il doit le mettre à distance, sinon pas d'évaluation possible.

Comme on évite de confondre le fait et le commentaire, éviter de confondre ce que dit le film et ce qu'en pense le critique. Penser à Voltaire : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire."

Jouer sur les différents types d'articles.
Billet d'humeur ou portrait pour l'éloge d'un acteur, la dénonciation d'un excès, l'expression d'un regret. Article de fond pour l'analyse du film.
Enquête sur les conditions d'un tournage, l'authenticité des faits évoqués, la genèse du film.
Interview ou micro-trottoir pour les réactions du public.
Compte rendu d'un débat ou d'une table ronde, etc.
Multiplier les angles d'attaques est une richesse à explorer.

RC
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